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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/312

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— 1814 —

mais habitué à exécuter les ordres de Napoléon, à ne voir et à ne penser que par le maître, il était sans initiative, comme sans courage ; ce n’étaient ni ses talents ni son énergie qui pouvaient suppléer l’insuffisance de Joseph.

La bravoure ne manquait peut-être pas au général Hullin ; mais, simple soldat au début de sa vie militaire, il était resté soldat jusqu’au bout ; sa capacité ne s’élevait pas au-dessus des détails matériels de son emploi ; homme d’obéissance passive, non de commandement, ce n’était point lui, non plus, qui pouvait imposer au lieutenant général et au ministre de la guerre les mesures ainsi que les décisions nécessaires à ce moment de lutte suprême.

Parmi les autres membres du gouvernement, il en était un dont le concours actif n’aurait peut-être pas été sans quelque utilité. Nous voulons parler du duc de Rovigo. Mais, absorbé dans ses fonctions de ministre de la police, le général Savary ne voyait rien au delà des rapports de ses agents et de l’action de la gendarmerie. Un témoin oculaire des faits de la journée du 29 a raconté que, sortant du musée du Louvre, où il avait rencontré les artistes aussi nombreux que de coutume et paisiblement occupés, les uns à copier des tableaux, les autres à regarder à travers les fenêtres le départ de l’Impératrice et de son cortége, il était allé chez Savary, qu’il avait trouvé jouant au billard avec le conseiller d’État Réal. On parla de l’arrivée de l’ennemi. Réal conseilla la publication immédiate d’une ordonnance enjoignant aux Parisiens de dépaver les rues, d’en porter les pierres aux étages supérieurs des maisons, de les jeter sur l’ennemi quand il entrerait, et de faire feu, en même temps, de toutes les croisées. « Mais ce serait un moyen révolutionnaire ! s’écria Savary effrayé ; je ne l’emploierai certes pas ! Que dirait l’Empereur ? »

Le roi Joseph, le ministre Clarke, le général Hullin, voilà les trois hommes qui, le 29 mars, étaient chargés de diriger la défense de Paris et de tenir tête aux événements.