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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/313

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— 1814 —

L’Histoire serait injuste si elle faisait peser exclusivement sur eux les fatals résultats de leur incapacité : la responsabilité en appartient à l’Empereur, qui, absent depuis plus de deux mois, aimait mieux laisser ces trois médiocrités en face d’un péril au-dessus de leurs forces que de confier le commandement suprême de Paris à un maréchal énergique et dévoué. Mais il aurait craint le mécontentement des deux rois, ses frères, et des autres maréchaux. Dans sa passion pour l’absolu pouvoir, passion que les revers rendaient encore plus inquiète et plus ombrageuse, il aurait redouté, surtout, de créer, pour un de ses lieutenants, une position trop importante, et de lui confier une autorité que, pendant quelques jours, les hasards de la guerre pouvaient rendre indépendante de la sienne.

Les moyens de défense, cependant, ne manquaient pas : on ne comptait pas moins de 400 pièces d’artillerie de gros calibre, suffisamment approvisionnées, soit à Vincennes, soit à l’École militaire ou au Champ de Mars, soit au dépôt central ; 20,000 fusils neufs existaient, en outre, dans ce dépôt ; voilà pour le matériel[1]. Quant aux hommes, le gouvernement pouvait disposer, outre les corps ramenés par Marmont et Mortier, de 7 à 8,000 hommes casernés à Paris, et appartenant aux dépôts de la garde impériale ou de la ligne ; de 6 à 7,000 soldats de cavalerie, conscrits ou soldats de dépôt, démontés, pour la plupart, et casernés à Versailles ou dans les environs ; de 15 à 18,000 conscrits ou soldats de dépôt, destinés aux régiments de ligne ou de garde nationale active, et casernés à Saint-Denis, à Courbevoie et dans d’autres villages épars autour de Paris[2] ; de plus de 2,000 officiers sans emploi, qui, le 28 et

  1. 80 pièces du plus fort calibre, transportées de Cherbourg au Havre, où elles furent embarquées sur la Seine et destinées à la défense de Paris, attendaient depuis plus de trois semaines à Meulan des moyens de transport qui n’arrivèrent pas. Elles y furent oubliées par Clarke et par Joseph.
  2. Une note, que nous avons sous les yeux, porte ce dernier chiffre de soldats à près de 25,000, y compris un régiment de gardes d’honneur cantonné à Maintenon.