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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/314

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— 1814 —

le jour même du 29, vinrent offrir leurs services au ministre de la guerre ; de 15 à 20,000 ouvriers, tous anciens soldats, qui auraient répondu au moindre appel ; enfin de 12,000 gardes nationaux, tous équipés et en partie armés. Ces forces réunies pouvaient présenter un effectif de 65 à 70,000 combattants qu’il était facile de rassembler en quelques heures et d’utiliser, même en ne leur donnant qu’un armement incomplet.

Joseph et Clarke connaissaient l’approche des Alliés dès le matin du 28 ; ils eurent donc toute cette journée, la nuit suivante, la journée du 29 et la nuit du 30, pour employer les ressources que nous venons d’énumérer ; aucune ne fut, pour ainsi dire, mise en usage. Les canons restèrent dans leurs parcs, moins quelques pièces placées, les 28 et 29, aux barrières du nord et sur deux ou trois points des hauteurs qui commandent Paris de ce côté[1] ; les fusils ne quittèrent point leurs râteliers ; les 6 à 7,000 cavaliers démontés, de Versailles, ne furent point appelés, bien qu’une députation d’officiers fût venue solliciter de Clarke, au nom de ces corps, la faveur de prendre part à la défense de la capitale ; les 15 à 18,000 conscrits casernés dans la banlieue restèrent dans leurs dépôts ; le concours des 2,000 officiers fut repoussé[2] ; les ouvriers, malgré leurs énergiques réclamations, durent se borner au rôle de spectateurs ; enfin la garde nationale, réorganisée au mois de janvier précédent, avant le départ de l’Empereur, avait été dépouillée, dès le mois de février, par le général Hullin, du petit nombre de fusils qu’on lui avait donnés, sous prétexte que ces armes étaient nécessaires à la troupe de ligne. Vainement le maréchal Moncey, major général de cette

  1. L’artillerie qui fit feu, le lendemain, se composait, pour la plus grande partie, des canons ramenés par les deux maréchaux.
  2. On les accusait de mauvais esprit. Ce reproche était basé sur cette circonstance, que quelques-uns d’entre eux avaient été mis en réforme par suite de suspicions politiques qui remontaient à 1804. Il s’agissait bien alors d’accusations de républicanisme !