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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/324

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— 1814 —

peu souffert dans cette campagne, prit la tête d’une nouvelle et nombreuse colonne. Mais, au lieu de déboucher par le plateau de Romainville et d’attaquer de front les positions de Marmont, les Prussiens s’avancèrent par la plaine, et reçurent l’ordre d’aborder les troupes du maréchal par les pentes découvertes des premières buttes de Belleville. Averti de ce mouvement sur son flanc gauche, le duc de Raguse fit immédiatement couronner les hauteurs par son artillerie. Les Prussiens s’avancèrent avec une grande bravoure. Quand ils furent à portée, les conscrits et les invalides des batteries de Belleville accueillirent ces nouveaux adversaires avec un feu si vif et si nourri, que la colonne, obligée de se retirer dans le plus grand désordre, et toujours poursuivie par nos boulets, ne put se rallier qu’à l’abri des maisons de Pantin. Il était dix heures et demie. À onze heures, la garde prussienne se présenta une seconde fois en ligne, appuyée par des forces encore plus nombreuses que celles qui l’avaient déjà secondée. Ses coups, toutefois, changèrent de direction ; cette nouvelle attaque porta sur les buttes Chaumont ; mais elle ne devait pas avoir un meilleur succès que la première : les marins, qui servaient les 28 pièces placées sur cette position, reçurent, à leur tour, la garde du roi de Prusse avec un feu si terrible, si soutenu, que ce corps et les masses qui l’appuyaient furent encore une fois obligés de reculer. Notre cavalerie ne se contenta pas de les regarder fuir ; elle s’élança à leur poursuite et les chassa de Pantin.

Nos cavaliers, en entrant dans ce village, purent juger de la justesse et de la vigueur du feu de notre artillerie : plusieurs maisons, hautes de trois étages, construites en pierre de taille et derrière lesquelles la garde prussienne s’était reformée après l’attaque contre Belleville, avaient été entièrement percées à jour par nos boulets ; pas un des arbres de la route n’était resté debout ; les champs et les chemins, au pied des buttes, étaient littéralement couverts de morts et de blessés.