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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/325

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— 1814 —

Un seul fait donnera la mesure des pertes énormes essayées depuis le matin par les coalisés : la garde prussienne, dans les deux dernières attaques, venait de perdre, à elle seule, près de 2,000 hommes.

Il était onze heures et demie quand nos soldats avaient pénétré dans Pantin. Depuis quatre heures et demie du matin, ils luttaient 8 à 9,000 contre des forces presque décuples, sans autre appui que les mouvements naturels du sol. Tant d’efforts avaient lassé les plus robustes ; l’ennemi lui-même avait besoin de repos. À midi, la canonnade se ralentit des deux parts ; le bruit de la mousqueterie diminua ; pendant quelques instants chaque parti sembla d’accord pour suspendre le combat. Ce repos devait profiter seulement aux Alliés. Vers une heure, les Français postés sur les hauteurs purent apercevoir, au fond de la plaine qui s’étendait à leurs pieds, des masses noires, profondes, qui s’avançaient lentement dans la direction de Noisy et de Pantin. À mesure qu’elles approchaient, ces masses se partageaient en trois colonnes : celle de droite s’étendait dans la direction de la basse Seine, vers Aubervilliers, Saint-Ouen et Clichy ; celle du centre, et c’était la plus compacte, venait droit sur Pantin ; celle de gauche se dirigeait vers Romainville. Ces masses étaient une nouvelle armée : c’étaient près de 100,000 soldats nouveaux amenés par Blücher, et que ce général venait lancer contre les débris héroïques qui, depuis l’aube du jour, disputaient à Schwartzenberg l’entrée ouverte de la capitale française.

Si les défenseurs de Belleville et des buttes Chaumont virent avancer ces nouveaux adversaires sans s’émouvoir, sans pâlir, il n’en fut pas ainsi de quelques spectateurs de haut rang alors enfermés dans un pavillon du village de Montmartre.

Six pièces de canon, deux obusiers, quelques détachements de cavalerie, un bataillon de sapeurs-pompiers et 150 à 200 gardes nationaux, voilà tous les moyens de défense réunis