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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/337

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— 1814 —

de poudre. Le duc de Raguse annonça la suspension d’armes. « C’est bien pour l’armée, s’écria-t-on autour de lui, mais Paris, qui le garantira des excès de l’ennemi ? Il faut une capitulation pour le sauver ! » Marmont en convint. « L’armistice, ajouta-t-il, a précisément pour objet de faciliter un arrangement particulier à la capitale. Mais je suis sans autorité pour traiter en son nom ; je ne la commande pas ; je ne suis pas le gouvernement. Simple chef de corps, je n’ai à m’occuper que des troupes sous mes ordres. Elles ne peuvent plus rien ; elles ont fait tout ce que l’on pouvait humainement exiger d’elles. On vient de m’annoncer le retour de l’Empereur par la route de Fontainebleau ; je vais me replier sur cette ville, et laisser, à qui doit le prendre, le soin d’une capitulation spéciale pour Paris. — Mais qui la proposera, qui la signera ? répliqua-t-on tout d’une voix. Le gouvernement, les ministres, tous les hauts fonctionnaires nous ont abandonnés ; il ne reste plus personne ! Ce n’est pas le conseil municipal qui peut traiter directement avec l’empereur de Russie et le roi de Prusse ; ces princes ne connaissent pas même de nom un seul de ses membres. Les maréchaux, après avoir défendu la ville, auraient-ils l’inhumanité de l’abandonner à toutes les exigences et à toute la colère du vainqueur ? Puisqu’ils ont conclu l’armistice, que leur coûterait-il de compléter la négociation ? Joseph, d’ailleurs, ne leur a-t-il pas donné carte blanche ? »

Marmont résista longtemps. À la fin, entraîné par les supplications de tout ce qui l’entourait, par les prières d’une députation du conseil municipal qui vint le conjurer de s’entremettre, il consentit à prendre la responsabilité d’un acte que, de toutes parts, on lui signalait comme l’unique moyen de salut pour Paris. À ce moment, — minuit, — un des principaux officiers de son état-major, le colonel Fabvier, qui venait de diriger le mouvement de retraite des troupes sur Fontainebleau, rentra. Marmont lui dit qu’il le choisissait, tout à la fois, comme négociateur chargé de le représenter dans la ca-