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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/342

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— 1814 —

une capitulation, signée à deux heures de la nuit, venait de donner Paris aux Alliés. Cette capitulation, dont il lui transmettait une copie, était ainsi conçue :

« L’armistice de quatre heures dont on est convenu pour traiter des conditions de l’occupation de la ville de Paris et de la retraite des corps qui s’y trouvent ayant conduit à un arrangement à cet égard, les soussignés, dûment autorisés par les commandants respectifs des forces opposées, ont arrêté et signé les articles suivants :

article premier.

Les corps des maréchaux ducs de Trévise et de Raguse évacueront la ville de Paris le 31 mars, à sept heures du matin.

art. 2.

Ils emmèneront avec eux l’attirail de leurs corps d’armée.

art. 3.

Les hostilités ne pourront recommencer que deux heures après l’évacuation de la ville, c’est-à-dire le 31 mars, à neuf heures du matin.

art. 4.

Tous les arsenaux, ateliers, établissements et magasins militaires seront laissés dans le même état où ils se trouvaient avant qu’il fût question de la présente capitulation[1].

  1. Malgré les termes de cet article, toutes les munitions enfermées dans la poudrière de Grenelle furent mises hors de service.
    À quelques jours de là, lorsque les courtisans du nouveau gouvernement inventaient, chaque matin, contre l’Empereur déchu, de nouvelles injures et de nouvelles calomnies, le bruit se répandit dans le public, et les journaux répétèrent que Napoléon avait donné l’ordre de mettre le feu à la poudrière, dans le but, disait-on, de faire sauter une moitié de Paris. Nous croyons même que la Restauration récompensa un officier du nom de Lescours, qui se vanta d’avoir reçu cette mission et d’y avoir désobéi. Napoléon avait, en effet, laissé des instructions à la direction de l’artillerie, relativement à la poudrière ; mais elles prescrivaient uniquement de détériorer toutes les poudres de cet établissement avant que les Alliés pussent être à même de s’en emparer. Ce fut précisément pour obéir à la lettre de ces instructions que, dans la nuit du 30 au 31, les généraux d’Aboville et Caron firent noyer par un détachement de pompiers toutes les munitions de Grenelle. L’opération commença dès que l’on connut la signature de la capitulation. Le 31 au matin, il ne restait plus une seule cartouche en état de servir.