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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/350

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— 1814 —

triomphe de l’ennemi au profit de l’ancienne royauté. Sortis du faubourg Saint-Germain par le pont de la Concorde, ils parurent sur la place de ce nom à dix heures et demie du matin, au moment où passait un bataillon de garde nationale. Les royalistes étaient à cheval ; ils s’approchèrent du bataillon aux cris de Vive le Roi ! et en agitant leurs chapeaux, auxquels étaient attachées de larges cocardes blanches. Accueillis par le silence le plus glacial, injuriés même par les derniers pelotons, qui, ne comprenant rien à cette démonstration, les prenaient pour des fous ou des gens ivres, ils se rendirent à la mairie du premier arrondissement, où ils renouvelèrent leurs provocations. Deux ou trois voix, parmi les gardes nationaux du poste, répondirent à leurs cris ; mais ce fut le seul encouragement qu’on leur donna, et, lorsqu’ils remontèrent vers la Madeleine pour prendre les boulevards, leur groupe ne comptait pas un seul adhérent de plus. Vainement, sur cette nouvelle ligne, ils continuèrent à agiter leurs chapeaux et à crier Vive le Roi ! les passants étonnés regardaient, incertains de savoir s’ils devaient rire ou siffler. À la hauteur de la rue de la Paix, trois cavaliers, dont l’un portait une paire de pistolets à sa ceinture, se joignirent pourtant à la cavalcade, qui, arrivée sur le boulevard des Italiens, fit alors la rencontre de quinze à dix-huit autres royalistes que l’on voyait parcourir, depuis une heure, l’espace compris entre les bains Chinois et l’entrée du faubourg Montmartre, portant, en guise d’étendards, quelques mouchoirs de poche attachés à des cannes. Les deux groupes se confondirent, et leur réunion présentait un total de vingt-cinq à trente individus qui continuèrent à se promener sur cette partie des boulevards, les uns silencieux, les autres criant de toutes leurs forces : Vive le Roi ! vivent les Bourbons ! à bas le tyran ! Il était près de midi. La foule, qui commençait alors à garnir les bas-côtés, entendait ces cris sans en comprendre le sens. Quel était le Roi que l’on saluait ainsi ? Quels étaient ces Bourbons dont on invoquait le nom ? Très-peu de