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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/357

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— 1814 —

l’hôtel Saint-Florentin portèrent un coup assez rude aux espérances du prince de Bénévent, qui ne caressait alors qu’un rêve, ne poursuivait qu’un but, la régence. Sa pensée était connue du duc de Dalberg et partagée par ce confident ; M. de Talleyrand résolut de le laisser s’aventurer à plaider la cause de Marie-Louise et celle du roi de Rome dans le Conseil qui devait se tenir le soir même, se réservant, si le plaidoyer ne réussissait pas, de se prononcer pour le parti que le Tzar paraissait décidé à adopter. Ce Conseil, convenu le matin, entre les souverains et leurs principaux généraux, avait un double objet : examiner la situation nouvelle faite aux Alliés par la prise de Paris, et arrêter un plan politique en rapport avec cet événement.

La conférence eut lieu à sept heures du soir, dans le grand salon de M. de Talleyrand ; huit personnes y assistaient : l’empereur de Russie, le roi de Prusse, le prince de Schwartzenberg, le prince de Lichtenstein, le prince de Talleyrand, le duc de Dalberg, les comtes de Nesselrode et Pozzo di Borgo[1].

Après quelques phrases préliminaires, on convint de réduire le débat aux trois questions suivantes : Ferait-on la paix avec Napoléon en prenant toutes sûretés contre lui ? Maintiendrait-on la régence ? Les Bourbons seraient-ils rétablis ?

Alexandre ouvrit la discussion en rappelant que ce n’était pas lui qui avait commencé la guerre, mais Napoléon, qui était venu la porter dans ses États et le chercher jusque dans son antique et fidèle Moscou. « Nous ne venons pas ici, dit-il, attirés par la soif des conquêtes ou animés par le désir de la vengeance. Nous ne faisons pas une guerre de représailles, nous ne faisons pas la guerre à la France : nous n’avons que deux adversaires à combattre, Napoléon et tout ennemi de la liberté des Français.

  1. Les chefs militaires de la coalition assistaient seuls à cette conférence : ses diplomates, on l’a vu, s’étaient enfuis à Dijon avec l’empereur d’Autriche.