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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/358

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— 1814 —

Guillaume, et vous, Prince, ajouta-t-il en se tournant vers le roi de Prusse et vers le généralissime Schwartzenberg, qui représentait l’empereur d’Autriche, les sentiments que je viens d’exprimer ne sont-ils pas les vôtres ? » Le roi de Prusse et le prince de Schwartzenberg, qui, durant toute cette séance où s’agitait le sort du Monde, jouèrent le rôle de personnages muets, inclinèrent la tête en signe d’assentiment. Alexandre dit encore quelques mots et soumit au Conseil la première question : elle fut à peine discutée ; le Conseil décida tout d’une voix que l’on ne traiterait pas avec Napoléon.

La question de la régence fut ensuite posée : le duc de Dalberg s’empressa de prendre la parole et plaida chaleureusement la cause de Marie-Louise et de son fils. Il comptait sur l’appui de M. de Talleyrand ; mais, à sa grande surprise, ce secours lui manqua. M. de Talleyrand, remarquant l’attitude contrainte, étonnée, d’Alexandre pendant le discours de son confident, baissa les yeux sur le tapis quand ce dernier eut cessé de parler, et resta immobile et muet. M. Pozzo di Borgo combattit avec énergie cette combinaison ; lorsqu’il eut terminé, pas une voix ne s’éleva pour l’appuyer ou pour le contredire ; la pensée du Tzar, que tous les regards interrogeaient, était évidente : la régence fut écartée.

Cette cause aurait-elle été perdue, nous dirons plus, aurait-on même posé la question, si Marie-Louise n’avait pas quitté Paris ? La première visite des souverains aurait été pour l’Impératrice. En admettant même qu’ils eussent évité de la voir avant de se réunir chez le prince de Bénévent, auraient-ils osé la renverser du trône si les portes du salon où ils délibéraient s’étaient tout à coup ouvertes devant cette princesse tenant le roi de Rome dans ses bras et venant réclamer à haute voix le maintien de son titre et des droits de son fils ? M. de Talleyrand ne se trompait pas, dans le Conseil du 28, lorsqu’il appuyait l’opinion de M. Boulay (de la Meurthe) ; l’éloignement de l’Impératrice et du roi de Rome, en laissant