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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/359

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— 1814 —

les adversaires de la dynastie impériale sans contradicteurs, devait consommer la chute de l’Empire[1].

Le traité direct avec Napoléon et la régence étant écartés, la question du rétablissement des Bourbons se trouvait implicitement résolue. Toutes les incertitudes du prince de Bénévent cessèrent : il prit enfin la parole, et se prononça pour le rappel de l’ancienne famille royale, en déclarant que cette combinaison était la seule qui convînt et qui fût désirée. Le prince de Lichtenstein, sujet autrichien, avait laissé passer, sans mot dire, la déchéance de la fille et du petit-fils de son maître ; mécontent, sans doute, de cette décision, il s’en prit aux Bourbons, et répondit à M. de Talleyrand qu’il allait un peu loin en affirmant que le retour des Bourbons fut désiré par la France. « Nulle part, dit le prince autrichien, sur aucune des routes, dans aucun des villages, dans aucune des villes traversés par les troupes alliées, celles-ci n’avaient entendu un vœu de cette nature. La population, au contraire, s’était montrée partout hostile, et, dans l’armée, tous les soldats, vétérans ou conscrits, avaient constamment témoigné pour Napoléon et pour la cause impériale le dévouement le plus absolu. » Alexandre, emporté par le souvenir des faits de la campagne, appuya les observations du prince de Lichtenstein ; il rappela que, six jours auparavant, à Fère-Champenoise, des conscrits, arrachés la veille à la charrue, s’étaient fait tuer, en effet, aux cris de Vive l’Empereur ! plutôt que de rendre leurs armes.

Étonné de la direction que prenait le débat, peu sûr encore du terrain, M. de Talleyrand craignit de s’être trop avancé. « Je ne crois pas m’être trompé, dit-il au Tzar ; dans tous les cas, mon erreur serait celle de tous les hommes qui connais-

  1. Marie-Louise, lorsqu’elle dut quitter Blois, se rendit à Orléans, puis à Rambouillet, où elle reçut la visite de son père. Les premiers mots de François II, en l’abordant, furent ceux-ci : Vous seriez régente de l’Empire français si vous n’aviez pas quitté la capitale de la France.