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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/361

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— 1814 —

lui avait annoncé M. de Vitrolles, et comme lui-même le posait en entrant dans la salle du Conseil, repoussait l’Empire et son chef, et appelait le retour des Bourbons. Mais, avant de fermer le débat, il voulut acquitter la parole que, deux ans auparavant, dans la conférence d’Abo, il avait donnée au prince royal de Suède : « Toutes les combinaisons ne sont pas épuisées, » dit le Tzar en prononçant le nom de Bernadotte, mais si bas, que M. de Talleyrand crut pouvoir se donner le courage de sa nouvelle opinion. « Il n’y a que deux choses possibles, Sire, répondit-il à Alexandre, Napoléon ou Louis XVIII. Qui prétendrait-on nous donner à la place de l’Empereur ? Un soldat ? Nous n’en voulons plus. Si nous en désirions un, nous garderions celui que nous avons ; c’est le premier soldat du monde : après lui, il n’en est pas un autre qui puisse réunir dix hommes à sa suite. En un mot, Sire, tout ce qui n’est pas Napoléon ou Louis XVIII est une intrigue.

— Eh bien, voilà qui est décidé, répliqua Alexandre ; nous ne traiterons pas avec Napoléon. Mais ce n’est pas à nous, étrangers, à le précipiter du trône ; nous pouvons encore moins y appeler les Bourbons. Qui se chargera de décider ces deux événements ?

— Les Autorités constituées, Sire, répondit M. de Talleyrand après quelques instants de silence ; je me fais fort d’obtenir le concours du Sénat. »

Les Alliés, depuis leur entrée en France, n’avaient cessé de publier qu’ils ne venaient pas lui imposer un gouvernement ni contrarier ses sympathies ou ses vœux ; la déclaration du prince de Bénévent coupait court à toutes les contradictions, à tous les embarras ; elle devait terminer la conférence. Aussi ses membres se disposaient-ils à se séparer, quand M. de

    Fouché, alors ministre de la police. Trois prêtres précipitèrent également sa chute : M. de Talleyrand, l’archevêque de Pradt, et l’ex-abbé Louis, qui assistait, en qualité de diacre, M. de Talleyrand, lors de la messe que ce dernier, évêque d’Autun à cette époque, célébra sur l’Autel de la patrie, au Champ de Mars, le jour de la fête de la Fédération, en 1790.