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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/363

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— 1814 —

DÉCLARATION.


« Les armées des puissances alliées ont occupé la capitale de la France. Les souverains alliés accueillent le vœu de la nation française ; ils déclarent :

Que si les conditions de la paix devaient renfermer de plus fortes garanties lorsqu’il s’agissait d’enchaîner l’ambition de Bonaparte, elles doivent être plus favorables lorsque, par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira l’assurance du repos. Les souverains proclament en conséquence :

Qu’ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte ni avec aucun membre de sa famille ;

Qu’ils respectent l’intégrité de l’ancienne France, telle qu’elle a existé sous ses rois légitimes ; ils peuvent même faire plus, parce qu’ils professeront toujours le principe que, pour le bonheur de l’Europe, il faut que la France soit grande et forte.

Ils reconnaîtront et garantiront la Constitution que la nation française se donnera. Ils invitent, par conséquent, le Sénat à désigner sur-le-champ, un gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l’administration, et à préparer la Constitution qui conviendra au peuple français.

Les intentions que je viens d’exprimer me sont communes avec toutes les puissances alliées.

Alexandre.

Paris, le 31 mars 1814.

Par S. M. I., comte de Nesselrode. »

Jamais document officiel ne débuta par un plus solennel mensonge. Des mouchoirs blancs agités aux fenêtres des boulevards ou attachés au bout de quelques cannes promenées par 25 à 30 individus, vieux émigrés ou jeunes étourdis ; les affirmations effrontées de deux abbés mécontents de leur position et aspirant à jouer un rôle politique, voilà ce que M. de Talleyrand, parlant au nom des souverains alliés, osait donner au monde comme le vœu de la nation française ! La dérision ne s’arrêtait point là : ce Sénat, qu’on invitait à nommer sur-le-champ un gouvernement provisoire, était le corps le plus avili de l’Empire, et la Constitution que la France était