Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/400

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
— 1814 —

longtemps ? — Oui, Sire ; je n’y pense plus depuis 1809. — J’en suis bien aise, maréchal ; mais il faut que je vous le dise, j’avais tort. — Sire !... » Napoléon, en prononçant les dernières paroles adressées à Macdonald, était ému ; il lui tendit la main, pressa vivement celle du maréchal et n’ajouta que ce mot : « Partez ! »

Le duc de Vicence et les deux maréchaux montèrent presque immédiatement en voiture. Arrivés, vers les quatre heures, à Essonne, ils s’arrêtèrent chez le duc de Raguse et lui apprirent le but de leur mission, ainsi que les circonstances qui l’avaient décidée. Ils ajoutèrent qu’au moment de partir l’Empereur leur avait recommandé, non-seulement de lui communiquer tous ces détails, mais de lui dire qu’il le laissait encore maître, soit de rester à son corps d’armée, s’il y croyait sa présence indispensable, soit de remplir la mission de confiance particulière qu’il lui avait d’abord destinée. Dans ce dernier cas, des pouvoirs, tenus tout prêts, lui seraient expédiés sur-le-champ. « Si vous ne venez pas avec nous, dirent en terminant les plénipotentiaires, allez, du moins, à Fontainebleau ; l’Empereur a besoin de voir ses amis. »

Ces confidences jetèrent le trouble dans l’âme de Marmont ; il ressentit les premières atteintes du remords qui devait si lourdement peser sur le reste de sa vie. Ce maréchal ne s’appartenait plus.

Lorsque, le 1er avril, Napoléon, après son inspection de la ligne de l’Essonne, avait quitté Marmont pour retourner à Fontainebleau, ce dernier était resté à son poste d’avant-garde. À quelques heures de là, le maréchal recevait la visite d’un de ses anciens aides de camp, le colonel Montessuis, qui lui était dépêché par M. de Talleyrand, avec plusieurs lettres, dont une du général Beurnonville, chargé de la partie militaire du gouvernement provisoire ; une autre du général Dessolles, nommé au commandement en chef de la garde nationale de Paris ; le reste était des amis particuliers du maréchal. Au lieu d’écon-