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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/401

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— 1814 —

duire cet émissaire, Marmont l’accueillit, l’écouta. La journée du lendemain, 2, s’écoula tout entière en nouvelles visites, en nouveaux pourparlers, en discussions sans résultat. Le 3, le prince de Schwartzenberg, dont le quartier général était au château de Petit-Bourg, à deux lieues seulement d’Essonne, intervenait, à son tour, auprès du maréchal, et lui faisait l’ouverture suivante :


« Monsieur le maréchal,

J’ai l’honneur de faire passer à Votre Excellence, par une personne sûre, tous les papiers et documents nécessaires pour mettre Votre Excellence au courant des événements qui se sont passés depuis que vous avez quitté la capitale, ainsi qu’une invitation des membres du gouvernement provisoire à vous ranger sous les drapeaux de la bonne cause française. Je vous engage, au nom de votre patrie et de l’humanité, à écouter des propositions qui doivent mettre un terme à l’effusion du sang précieux des braves que vous commandez.

Agréez, monsieur le maréchal, etc.

Le maréchal prince de Schwartzenberg. »

Tant que la négociation s’était maintenue à l’état de propositions verbales, Marmont avait facilement écouté ; il hésita quand il fallut conclure ; durant tout un jour il ne sut que résoudre. Il y avait lutte entre ses loyaux instincts de soldat et les considérations d’intérêt politique à l’aide desquelles on s’efforçait de l’entraîner. Par un odieux travestissement des sentiments les plus saints, c’était en invoquant son patriotisme, c’était au nom du pays épuisé, de l’indépendance et de l’honneur national compromis, que MM. de Talleyrand et Dessolles, surtout, sollicitaient sa défection ; ils lui disaient : « La prise de Paris a décidé la question militaire ; la cause de l’Empereur est perdue ; mais il reste la France à sauver. Son sort est en vos mains. Adhérez aux actes du Sénat et du gouvernement provisoire ; le reste de l’armée suivra votre exemple, et une paix solide, honorable, rendra enfin au pays le repos qu’il a perdu depuis 22 ans. » Ces incitations faisaient, pour ainsi dire, de