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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/418

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— 1814 —

Polonais, rebroussa brusquement chemin dès qu’elle aperçut les lignes russes, et ne s’arrêta qu’au pont d’Essonne, qu’elle mit immédiatement en état de défense.

Cette petite troupe ne fut point la seule qui parvint à échapper à la trahison. Le général Lucotte avait reçu de Souham l’ordre de suivre, avec sa division de réserve, le mouvement des autres divisions du 6e corps. Non-seulement Lucotte désobéit, mais il s’empressa de publier un ordre du jour où se trouvaient les passages suivants :

« La nuit dernière, des corps entiers ont quitté leurs positions. Chargé d’occuper Corbeil, je suis resté fidèle avec vous à mon poste...

...Les braves ne désertent jamais, ils doivent mourir à leur poste. »

Par une coïncidence bizarre et qui témoigne de l’incertitude qui régnait alors dans les actes du gouvernement provisoire, cet ordre du jour qui flétrissait la désertion des autres généraux du 6e corps fut inséré sans commentaires et comme pièce officielle au Moniteur du 7 avril, dans le même numéro qui contenait les pièces de la négociation entre Marmont et Schwartzenberg, ainsi qu’une lettre du maréchal Ney dont nous aurons à parler plus loin.

La joie fut grande parmi les nombreux visiteurs de l’hôtel Talleyrand lorsque, dans cette matinée du 5 avril, ils apprirent à la fois la défection du corps de Marmont et le rejet absolu de la régence. L’ivresse, toutefois, fut de courte durée. Plusieurs aides de camp accourus à toute bride ne tardèrent pas à annoncer que le 6e corps était en pleine révolte.

En arrivant à Versailles, le général Bordesoulle s’était empressé d’écrire au duc de Raguse la lettre suivante :

« Versailles, 5 avril 1814.

Monseigneur,

M. le colonel Fabvier a dû dire à Votre Excellence les motifs qui nous ont engagés à exécuter le mouvement que nous étions convenus