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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/419

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— 1814 —

de suspendre jusqu’au retour de MM. le prince de la Moskowa et les ducs de Tarente et de Vicence. Nous sommes arrivés à Versailles avec tout ce qui compose le corps ; absolument tout nous a suivis et avec connaissance du parti que nous prenions, l’ayant fait connaître à la troupe avant de marcher.

Maintenant, monseigneur, pour tranquilliser les officiers sur leur sort, il serait urgent que le gouvernement provisoire fit une adresse proclamative à ce corps, et qu’en lui faisant connaître sur quoi il peut compter, on lui fit payer un mois de solde ; sans cela, il est à craindre qu’il ne se débande.

Messieurs les officiers généraux sont tous avec nous, M. Lucotte excepté. Ce joli monsieur nous avait dénoncés à l’Empereur.

J’ai l’honneur d’être, monseigneur, etc.

Le général de division, comte Bordesoulle.

En entraînant leurs régiments au milieu de l’ennemi, les généraux de Marmont avaient surtout cédé à la fausse conviction où ils étaient que l’Empereur connaissait le traité fait avec Schwartzenberg. Qui pouvait l’avoir prévenu ? Un seul général, Lucotte, avait refusé de les suivre ; les soupçons, dans les premières heures, se portèrent sur lui. Or l’Empereur, la veille au soir et dans le courant de la nuit, ne savait rien du traité ; il le connut seulement quand la désertion était accomplie ; Lucotte n’avait donc pu l’en avertir. Quant aux officiers et aux soldats du 6e corps, la retraite précipitée de l’arrière-garde, et les faits qui nous restent à raconter prouvent surabondamment que pas un de ces braves gens n’était le complice du général Bordesoulle.

Pendant que ce chef calomniait ainsi un de ses collègues et la troupe, dans le but sans doute d’amoindrir aux yeux du maréchal la gravité de sa désobéissance, les soldats, rassemblés en groupes tumultueux sur les promenades et sur les principales places de Versailles, s’emportaient contre leurs généraux et demandaient à rejoindre l’Empereur. D’un autre côté, les colonels de toutes armes, convoqués par leur collègue Ordener, se réunissaient chez ce dernier, et convenaient d’emmener le 6e corps à Rambouillet pour gagner ensuite Fontai-