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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/423

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— 1814 —

Le Sénat se fonde sur les arides de la Constitution pour la renverser ; il ne rougit pas de faire des reproches à l’Empereur, sans remarquer que, comme premier corps de l’État, il a pris part à tous les événements. Il est allé si loin, qu’il a osé accuser l’Empereur d’avoir changé les actes dans leur publication. Le monde entier sait qu’il n’avait pas besoin de tels artifices Un signe était un ordre pour le Sénat, qui, toujours, faisait plus qu’on ne désirait de lui. L’Empereur a toujours été accessible aux remontrances de ses ministres, et il attendait d’eux, dans cette circonstance, la justification la plus indéfinie des mesures qu’il avait prises. Si l’enthousiasme s’est mêlé dans les adresses et les discours publics, alors l’Empereur a été trompé. Mais ceux qui ont tenu ce langage doivent s’attribuer à eux-mêmes les suites de leurs flatteries.

Le Sénat ne rougit pas de parler de libelles publiés contre les gouvernements étrangers ; il oublie qu’ils furent rédigés dans son sein ! Si longtemps que la fortune s’est montrée fidèle à leur souverain, ces hommes sont restés fidèles, et nulle plainte n’a été entendue sur les abus du Pouvoir. Si l’Empereur avait méprisé les hommes, comme on le lui a reproché, alors le monde reconnaîtrait aujourd’hui qu’il a eu des raisons qui motivaient son mépris. Il tenait sa dignité de Dieu et de la nation ; eux seuls pouvaient l’en priver ; il l’a toujours considérée comme un fardeau, et, lorsqu’il l’accepta, ce fut dans la conviction que lui seul était à même de la porter dignement.

Le bonheur de la France paraissait être dans la destinée de l’Empereur ; aujourd’hui que la fortune s’est décidée contre lui, la volonté de la nation seule pourrait le persuader de rester plus longtemps sur le trône. S’il se doit considérer comme le seul obstacle à la paix, il fait volontiers ce dernier sacrifice à la France. Il a en conséquence envoyé le prince de la Moskowa et les ducs de Vicence et de Tarente à Paris, pour entamer la négociation. L’armée peut être certaine que l’honneur de l’Empereur ne sera jamais en contradiction avec le bonheur de la France. »

Aucun des adversaires du régime impérial n’a fait ressortir avec plus d’amertume les fautes de l’Empereur et les vices de son gouvernement. Ces aveux de Napoléon sont la condamnation de tout son règne ; ils font comprendre ses revers et sa chute, et, s’ils n’absolvent pas les hommes, ils justifient l’événement.

Nous avons dit que les trois plénipotentiaires de l’Empereur, en quittant Alexandre, étaient rentrés se reposer à l’hôtel du