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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/424

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— 1814 —

maréchal Ney. Ils revinrent à Fontainebleau dans la soirée. Ce fut Ney qui se chargea d’annoncer à Napoléon qu’on exigeait de lui une abdication pure et simple, sans autre condition que la garantie de sa sûreté personnelle. Sa parole fut sans ménagement. Il venait, au reste, de s’engager. Avant d’entrer dans le cabinet de l’Empereur, il avait écrit à M. de Talleyrand pour lui annoncer sa résolution d’embrasser « la cause des anciens rois[1]. » Macdonald et Caulaincourt, en confirmant le rejet de la régence, s’efforcèrent, par des formes plus douces, d’amortir la violence de ce nouveau coup. Le premier mouvement de l’Empereur fut de rompre toute négociation et d’en appeler, enfin, à la chance de nouvelles batailles. « Il n’y avait plus d’illusions possibles pour l’armée ni pour ses chefs, disait-il ; les Alliés ne voulaient traiter à aucun prix. L’armée devait-elle donc rendre les armes sans combattre ? »

En effet, outre les 40,000 soldats environ qui restaient encore cantonnés autour de Fontainebleau, 15 à 20,000, on l’a vu, se trouvaient près de l’Impératrice, à Blois, ou dans les garnisons placées entre cette ville et Paris[2] ; 20,000 autres se maintenaient en arrière de Lyon ; 20,000 arrivaient d’Italie, conduits par le général Grenier ; 15,000 venaient de quit-

  1. Voici les passages essentiels de cette lettre :
    « Je me suis rendu hier à Paris avec M. le Maréchal duc de Tarente et M. le duc de Vicence, comme chargé de pleins pouvoirs pour défendre, près de S. M. l’empereur Alexandre, les intérêts de la dynastie de l’empereur Napoléon. Un événement imprévu ayant tout à coup arrêté les négociations qui, cependant, semblaient promettre les plus heureux résultats, je vis dès lors que, pour éviter à notre chère patrie les maux affreux d’une guerre civile, il ne restait plus aux Français qu’à embrasser la cause de nos anciens rois ; et c’est pénétré de ce sentiment que je me suis rendu, ce soir, auprès de l’empereur Napoléon, pour lui manifester les vœux de la nation... Demain matin, j’espère qu’il me remettra lui-même l’acte formel et authentique de son abdication ; aussitôt après, j’aurai l’honneur d’aller voir Votre Altesse Sérénissime.
    Fontainebleau, ce 5 avril, onze heures et demie du soir. »
  2. Voir la 2e note, page 310.