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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/43

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— 1793 - 1799 —

le porter au général Bonaparte. Ce dernier reçut ce message au milieu d’un nombreux état-major réuni depuis le matin à sa demeure de la rue Chantereine, et fit immédiatement afficher dans Paris deux proclamations imprimées à l’avance, et dans lesquelles sa nomination se trouvait annoncée ; où il invitait tous les citoyens à la confiance et à l’union ; déclarait que la République avait été mal gouvernée depuis le 18 fructidor, et promettait au peuple la liberté, la victoire et la paix. Ces soins pris, Bonaparte se rendit à la salle du conseil des Anciens, qui venaient, eux aussi, de faire leur proclamation au peuple français, et là, ce général prêta serment de fidélité à la Constitution de l’an III et à la République. Tout le reste du jour se passa en négociations et en préparatifs destinés à assurer le succès des mesures arrêtées pour le lendemain.

Sieyès, comme on l’a vu, était un des principaux complices de la conjuration ; il y avait entraîné son collègue Roger-Ducos, qui, dès le matin, s’était furtivement échappé du Luxembourg pour se réfugier dans le palais du conseil des Anciens. L’ex-abbé Sieyès, prétextant un cours d’équitation qu’il suivait depuis quelques semaines, s’éloigna à cheval de la demeure dictatoriale, et vint rejoindre son collègue. Une fois réunis, tous deux écrivirent leurs démissions. Restait Barras, Gohier et le général Moulin.

Barras avait alors perdu toute influence. C’était, nous l’avons dit, en s’aidant de l’énergie et des intérêts révolutionnaires qu’au 9 thermidor, au 13 vendémiaire, au 18 fructidor, il avait pu exercer une action directe, puissante, sur ces trois journées. Cet appui ne le soutenant plus, il se trouvait sans force. Ses négociations avec les émigrés le plaçaient d’ailleurs dans une fausse position qui lui ôtait toute hardiesse. Aussi, soit qu’il craignit d’avoir à lutter contre une volonté plus énergique que ta sienne, soit qu’il se crût soupçonné ou trahi, un seul mot de Bonaparte, transmis par M. de Talleyrand, lui fit donner sa démission ; puis, sur un geste de ce général, dont