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poèmes, iiie série


Pourquoi scruter toutes les causes,
Si la première est inconnue ?
Savoir, n’est qu’éloigner ses doutes,
Sur un chemin, creusé par les déroutes ;
Les feux des étoiles, dans la nuit nue,
Brûlent, sans éclairer les déserts de ténèbres
D’un au-delà profond que nul n’explorera jamais.
Tout problème fascinateur
Est tentateur d’erreur,
Et puis — est-ce qu’on sait ce que l’on sait ?

Les sens et la raison qui les contrôle ?
Quels tonnerres célèbres
Rediront, dans les cieux, la parole
Qui dirige le monde et l’aurait fait ?
Les yeux vidés d’horreur,
Sous ses oracles morts, dort la Sybille morte,
Et les voyants ont peur de leur terreur.

Sur l’illusoire vérité clos désormais ta porte.
Vivre ? c’est se rouler, en une anomalie
D’efforts sans but, de recherches en vain,