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les vignes de ma muraille


Une haute lumière illuminait les monts
Et dépliait sa nappe aux horizons ;
La goutte d’eau que le rocher exsude
Seul y tintait son bruit d’argent ;
Et tel, ce lac total, jamais changeant,
Par au delà des tempêtes passionnelles,
Magnifiait, en ses silences de clarté,
L’immobile splendeur des choses éternelles.
C’était en des pays d’évidente beauté
Où des soleils de prisme et des midis placides
Sculptaient leur diamant, au front des cieux lucides.

Dites ! comme il est loin dans l’autrefois
Le grand silence alors de nos deux voix.

Enfin, c’était en des Indes de songe,
Parmi des monts et des forêts encor,
Dont chaque tronc semblait un vœu et un mensonge,
Emeraudé de fleurs et filigrané d’or.

En de frêles maisons où de bleus lampadaires
Brûlent pour on ne sait quel voyageur du soir,
Une dame de soie, au seuil, venait s’asseoir,
Avec sous ses pieds clairs, des lions légendaires.