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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/168

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poèmes, iiie série

Elle brodait les histoires d’amour,
Sur un métier de jade et d’améthyste,
Avec des doigts si fins de princesse et d’artiste,
Qu’elle y disait le charme et la gloire du jour.

Des papillons, des bengalis, des lucioles
Posaient dans un rayon et lui donnaient le temps
De dessiner leur aile et leur corps miroitant
Et leur essor vers des treillis de folioles.

La princesse brodait une lagune
Et des cygnes et des monstres et deux amants
Qui sans douter de rien se faisaient le serment
De conquérir les ors qui dormaient dans la lune,
Et puis rentrait surseoir
À son travail et regarder danser ses bayadères
En sa maison d’émail où les bleus lampadaires
Brûlent pour on ne sait quel voyageur du soir.

Dites comme ils sont dans le passé,
Ces souvenirs d’argent et d’or fleurdelysés.