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les vignes de ma muraille


Le soir encor au crépuscule,
En des golfes, où se recule
Vers l’horizon le vieux soleil,
Avec, sur leurs mains claires,
L’ombre errante des fleurs auréolaires,
Dans le site vermeil
De leurs golfes tranquilles,
Elles s’assoient, travailleuses, mais immobiles

J’ai navigué autour de l’île,
En ma barque, depuis quels jours,
Vers l’une d’elles qui toujours
Sans regarder s’attarde et file.

Bien que mes yeux soient confiants
Et que mon âme n’ait que haine
Pour la brutale ardeur humaine,
Je suis encor trop triomphant.

J’ai trop de joie en mes paroles
Et trop de fleurs en mes pensées ;
J’ai trop erré, par les routes tracées
Des pays clairs et des régions folles.