Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
les vignes de ma muraille

Et l’orage magnifique de plumes
Qu’ils agitaient sur l’or tressé de leurs costumes.

L’heure met un baiser sur les vitraux du soir.

Voici le livre ancien à quadruple fermoir
Où prièrent tous ceux des tiens
Dont le roi Christ, illuminait les têtes ;
Des entrelacs et des anges gardiens
Caparaçonnés d’or et tels que des athlètes
Humbles et doux, avec des fleurs en main,
Marquent d’un faste d’or telle oraison naïve ;
Des empreintes jaunes de doigts et de salive
Ont de certains feuillets souillé le grain,
Mais le livre est profond de tant d’âme versée,
Depuis cent ans, sur chaque page cicatrisée.

En des boîtes de cèdre et d’or
Je tiens les yeux captifs
Des turquoises et des onyx mémoratifs ;
Et mes tiroirs cachent encor
Du soir et de l’aurore
Fondus en des chaînons d’un feu sonore.