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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/194

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poèmes, iiie série


Avec des pas qu’on n’entend pas,
Je vais la nuit de relique en relique
Porter un peu d’amour mélancolique.
Les voix alors, me reviennent, là-bas,
De si lointains pays d’ombres et de douleurs
Qu’elles semblent barques lasses, voiles pendantes
Et rames noires, sur le cœur.

Je donne à ces pierres ardentes
À ces bijoux et ces fleurs que je plains
Les caresses de mes cheveux,
Le culte de mes mains,
Et la mémoire de mes yeux ;
Je suis la servante de leur silence.

L’heure met de la mort sur les vitraux du soir.

Les reliques apaisent la violence
Des diamants — et vont dormir.
Ceux qui se continuent en toi, pour se revivre,
Guettent s’ouvrir ton souvenir.
Écoute — et songe aussi : c’est l’heure
Qui sonne un glas dans ta demeure ;