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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/127

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seconde patrie.


« Que faire ?… » demandait Fritz au bosseman, qui ne savait que lui répondre.

Un espoir restait, c’était que l’orage se dissipât avant d’assaillir la côte. Toutefois, en prêtant l’oreille, on entendait des rumeurs lointaines, bien que le vent fût assez faible. Nul doute, la mer grondait au loin, et déjà quelques risées intermittentes, qui lui donnaient une teinte livide, couraient à sa surface.

Harry Gould vint observer l’horizon.

« Nous sommes menacés d’un mauvais coup… lui dit Fritz.

– Je le crains, avoua Harry Gould, et du plus mauvais que nous puissions redouter !…

– Mon capitaine, déclara le bosseman, ce n’est pas le moment de se croiser les poignets… Il faut au contraire filer de l’huile de bras, comme on dit entre matelots…

– Essayons de haler la chaloupe au fond de la grève, reprit Fritz, qui appela James et son frère.

– Essayons, répondit Harry Gould. La marée monte et nous aidera… En attendant, commençons par alléger notre embarcation le plus possible.»

Il n’y avait pas autre chose à tenter. Tous s’attelèrent à la besogne. Les voiles furent envoyées sur le sable, le mât amené, le gouvernail démonté, les bancs, les espars, débarqués et transportés à l’intérieur de la caverne.

Au moment où la marée fut étale, la chaloupe