d’avoir crié au dieu des âmes nouvelles à peu près ce que le Prométhée d’Eschyle crie à Zeus : — Tu mourras à ton tour, tu mourras comme moi ! Car l’homme survivra et, après vingt siècles de douleurs, qui feront saigner sa chair et ruisseler ses larmes, il secouera ton joug, rira de tes temples, blasphémera tous les dieux.
Quoiqu’on pense de la prédiction de l’éternel Runoïa,
on ne peut nier que Leconte de Lisle n’ait tiré un magnifique parti de la vieille saga conservée par Nicander, qu’il
n’ait fait admirablement revivre la physionomie de la Finlande, ni qu’en disant des choses si particulières au pays
qui a vu naître le culte de Wäinämöinen il n’en ait su
dire aussi de générales : car dans le conflit de la religion
chrétienne avec une des religions naturalistes qu’elle a
remplacées ne nous fait-il pas reconnaître les caractères du
conflit qu’elle eut avec les autres ?