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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/234

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il n’a point prétendu nous donner des traductions de Burns. Encore moins a-t-il essayé, dans les six pièces dont il lui a emprunté l’idée, de condenser tout ce qu’il y a d’éléments d’intérêt chez le poète de l’amour le plus varié peut-être qu’il y ait jamais eu. Il a simplement voulu nous donner dans ces brèves chansons des visions d’Écosse, et s’il a, sans scrupule, dérobé ses thèmes à Burns, c’est que Burns lui-même avait pris plus d’une fois les siens aux chansonniers ses prédécesseurs.

Deux fois au moins, dans la chanson de Jane et dans celle d’Annie, Leconte de Lisle s’est beaucoup rapproché de son modèle. Ce n’est pas alors qu’il a été le mieux inspiré.

Sans doute, il nous a donné dans la première strophe de Jane un charmant portrait en raccourci de femme écossaise :


Rose pourprée et tout humide,
Ce n’était pas sa lèvre en feu ;
C’étaient ses yeux d’un si beau bleu
Sous l’or de sa tresse fluide.


Mais ce serait lui faire le plus grand tort que de lire toute sa pièce avant de lire ce pur chef-d’œuvre, où le poète écossais a su dire si délicatement la fascination qu’un œil bleu exerça un jour sur son cœur volage :


J’ai pris hier une route malencontreuse,
     Une route dont je me repentirai cruellement, j’ai peur ;
J’ai puisé ma mort dans deux jolis yeux,
     Deux charmants yeux d’un beau bleu.
Ce n’étaient pas ses brillantes boucles d’or,