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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/235

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     Ses lèvres pareilles à des roses trempées de rosée,
Son sein gonflé et d’un blanc de lis ; —
     C’étaient ses yeux d’un si beau bleu.

Elle parlait, elle souriait, elle séduisit mon cœur,
     Elle charma mon âme, je ne sais comment ;
Et pourtant l’atteinte, la blessure mortelle,
     Vint de ses yeux d’un si beau bleu.
Mais, faute de parler on manque souvent son coup ;
     Peut-être écoutera-t-elle mon vœu :
Si elle refuse, j’imputerai ma mort
     A ses deux yeux d’un si beau bleu[1].


Il ne faut pas lire non plus Annie après la chanson dont elle est imitée. Bien que la pièce soit remarquable par son rythme, et même par je ne sais quoi de concentré dans la passion, ce qu’elle ajoute au modèle d’un peu nouveau ne suffit pas à nous faire oublier cette verve qu’elle n’a pas su lui prendre :


C’était la nuit du premier août,
     Quand les sillons de blé sont beaux,
À la clarté sereine de la lune,
     Que j’allai trouver Annie :
Le temps s’enfuit sans être remarqué,
     Jusqu’à ce qu’entre tard et de bonne heure,
Sans se faire beaucoup prier, elle convint
     De me voir au milieu de l’orge ; etc.[2].



  1. Je cite la traduction de Wailly. On en trouvera une autre, bien supérieure, dans Angellier, Robert Burns (Paris, 1892), t. II, p. 263.
  2. Cette pièce a été traduite aussi entièrement par Angellier, t. II, p. 274.