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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/236

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Les autres pièces de Leconte de Lisle peuvent se lire, au contraire, après celles de Burns. On n’y retrouve pas ce qui faisait le charme de celles-ci, mais on y trouve autre chose, qui, sans avoir toujours la même valeur, a du moins son prix.

La chanson sur le départ de Nannie est-elle demeurée chez son adaptateur aussi profondément émouvante qu’elle l’était chez son auteur ? On ne le pensera pas, sans doute[1]. Mais Leconte de Lisle a essayé de nous donner ce que Burns ne nous a pas donné une seule fois, si grand peintre de la nature qu’il ait été, c’est-à-dire un paysage de la Haute Écosse ; car, dans son pays, le poète écossais n’a connu et il n’a peint que les régions qui ressemblent à toutes les plaines cultivées et bien arrosées. Et je ne dis pas que la description des fameux lacs soit dans la pièce de Leconte de Lisle tout à fait digne de leur réputation. N’est-il pas cependant piquant que la physionomie pittoresque de l’Ecosse ait intéressé davantage un poète étranger que le poète national ?



Du courlis siffleur l’aube saluée
Suspend au brin d’herbe une perle en feu ;
          Sur le mont rose est la nuée,
          La poule d’eau nage au lac bleu.

Pleurez, ô courlis ; pleure, blanche aurore ;
Gémissez, lac bleu, poule, coqs pourprés ;
          Vous que la nue argenté et dore,
          Ô claires collines, pleurez.



  1. Voir la traduction d’Angellier, t. II, p. 271.