Bien supérieure est la Fille aux cheveux de lin, la meilleure de ces six chansons. La pièce dont elle est inspirée est certes fort jolie et je ne songerais point à m’étonner si beaucoup de lecteurs la lui préféraient[1] : la passion y parle si vivement ! la nature y met autour de la fillette aimée un si gracieux cadre de verdure ! Mais quel pittoresque portrait de femme nous donne celle de Leconte de Lisle ! Comme à chaque strophe sont heureusement remis sous nos yeux ces cheveux de lin et ces lèvres rouges qui font tout le charme de ce visage ! Et ces cheveux de lin, ces lèvres rouges, comme à chaque fois un coin de nature, un simple coin, mais si vrai de couleur, les fait ressortir ! C’est vraiment une fille d’Écosse dans un pays d’Écosse :
Sur la luzerne en fleur assise,
Qui chante dès le frais matin ?
C’est la fille aux cheveux de lin,
La belle aux lèvres de cerise.
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
Ta bouche a des couleurs divines,
Ma chère, et tente le baiser !
Sur l’herbe en fleur veux-tu causer,
Fille aux cils longs, aux boucles fines ?
L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.
- ↑ Voir la traduction d’Angellier, t. II, p. 208.