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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/238

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Ne dis pas non, fille cruelle !
Ne dis pas oui ! J’entendrai mieux
Le long regard de tes grands yeux
Et ta lèvre rose, ô ma belle !

L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.

Adieu les daims, adieu les lièvres
Et les rouges perdrix ! Je veux
Baiser le lin de tes cheveux,
Presser la pourpre de tes lèvres !

L’amour, au clair soleil d’été,
Avec l’alouette a chanté.


Je n’aurai point le mauvais goût de mettre le Rouet de Leconte de Lisle au-dessus du Rouet de Burns. Celui-ci a mérité d’être comparé par un juge délicat[1] à un intérieur de Pierre de Hooch, à un de ces tableaux familiers de dessin, mais baignés d’une demi-teinte de pourpre riche et harmonisés par la lumière ? Et personne, après avoir lu la pièce, ne trouvera l’éloge exagéré :


Oh ! vive mon rouet !
Oh ! vivent ma quenouille et ma bobine !
De la tête aux pieds il m’habille bravement,
Et m’enveloppe doux et chaud le soir !
Je vais m’asseoir, et chanter, et filer,
Pendant que descend le soleil d’été,
Satisfaite d’avoir la joie du cœur, du lait et de la farine.
Oh ! vive mon rouet !



  1. M. Angellier, dont on lira la traduction, t. II, p. 183. Je donne la traduction de L. de Wailly.