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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/169

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tel en Escoce lequel estoit le plus fort de toute la terre, et gardoit ilec le jeune roy David et madame sa femme. Quant il vit que la terre d’Escoce estoit destruite pour la greigneur partie par les barons qui mors estoient, si fist appareillier une belle nef et la fist garnir de tout ce que mestier fu, et puis y entra le jeune roy et la royne, et aveques eulz aucuns nobles hommes d’Escoce qui leur tenoient compaignie ; entre lesquiex il y ot i escuier de noble afaire, lequel avoit à nom Aufroy de Kyrepatric[1], lequel depuis se rendi à Saint Denis en France aveques touz ses biens, et gist ou parlouer de ladicte église, dessouz le tresor, bien et honnestement. Et quant la nef fu toute preste, si regardèrent que le vent leur estoit propice ; si commencierent à nagier, et tant nagierent qu’il arriverent en Normendie, et puis alerent au roy de France Phelippe qui moult debonnairement les reçut, et puis leur fist delivrer Chastiau-Gaillart, et ylec demourerent, et leur fist livrer le roi quanque mestier leur fu de bon cuer.

Item, en ce meismes an, le roy de France Phelippe ordena une maison de religion, laquelle est appellée le Moncel emprès le Pont Sainte Messance[2]. Et estoit escheue ladicte maison au roy par forfaiture, en laquelle il ordena femmes à Dieu servir perpetuelment selon la rieule saint François.

  1. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. J. Lemoine, p. 35.
  2. L’abbaye du Moncel-lès-Pont-Sainte-Maxence (Oise) fut fondée par Philippe le Bel au mois d’avril 1309. Philippe de Valois, au mois de mai 1336, confirma les lettres de Philippe le Bel et acheva les constructions du monastère (Gallia Christiana, t. IX, col. 852, et t. X, preuves, col. 270).