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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/242

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qui croient la sainte loy Mahommet, et la forte espée Helye et David qui tua et decola ceulz de la cité d’Acre et destruit et mist au noient, sires du royaume de tout le monde dessouz le Createur, sires des parties d’Aise et d’Auffrique et de Europe, vainqueur des batailles de touz les crestiens du monde. A toy roy de Bellemarine et de Marroc, salut, aveques cremeur de ma forte espée. Nous te segnefions que nos sages Mores nous ont donné à entendre que ton filz Picazo, enfent honnorable et très fort chevalier en la foy Mahommet, comme Amali et Malefaçon qui furent esleuz pour garder la sainte loy Mahommet contre la loy maudite des crestiens maleurée et privée [de sens][1], car ceulz qui vivent en celle loy ne scevent en quoy il vivent, car il croient en leur alcorain qu’il appellent pape et cuident qu’il leur puest pardonner leurs pechiez, et ainsi sont deceuz par leur mauvaise loy qu’il tiennent. Et pour ce que Alphons, roy de Castelle, qui deust estre ton vassal et touz les autres roys du monde qui creoient en la foy crestienne te devroient servir et obeir, noientmoins il sont venuz à l’encontre de noz Mores qui sont les plus nobles du monde et croient en la sainte loy Mahommet ; et ont mis à mort si sainte creature comme estoit Picazo ton filz, qui si nobles estoit qu’il ne peust avoir esté mort en bataille, se ne fust par les fraudes que les crestiens scevent [faire][2], par lesquelles il ont occis ledit enfant. Et croy vraiement que parmi la croiance qu’il avoit en Mahommet, qu’il est en paradis aveques li, et l’acole beneureusement, et là mengue miel, lait et burre et est resuscitez.

  1. Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 402.
  2. Cf. Ibid., t. I, p. 403.