Aller au contenu

Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
SPOKANE ET LES INDIENS

ressemblances de cette langue avec le copte. Une fois mon attention éveillée sur ce point, je découvris bientôt d’autres affinités entre les deux races. Le costume et certaines attitudes me rappelaient les bas-reliefs des bords du Nil  ; je retrouvais dans nos Indiens quelques-uns des traits caractéristiques du type copte que j’avais longtemps étudié au Caire, surtout le menton arrondi. Enfin l’idée m’était venue qu’ils étaient originaires du pays des Pharaons. Quel ne fut pas mon étonnement un jour de voir mes inductions pleinement confirmées par un témoignage inattendu  ! Je causais avec notre interprète et lui avais demandé si sa tribu possédait quelques documents historiques ou du moins des traditions orales sur leurs origines  ; il me répondit : «  Non, nous n’avons rien, nous ne savons qu’une chose, c’est que nous venons d’Égypte.  » Comment seraient-ils venus de l’Égypte, et par quel chemin  ? Cette question se présente d’elle-même et dans tous les systèmes, quel que soit celui qu’on admette, il faut la résoudre. Or, il paraît certain qu’au commencement de l’ère chrétienne, les côtes occidentales de l’Amérique du Nord furent envahies par les Chinois ou du moins par des peuples de race jaune[1]. À mon avis, les Indiens d’Amérique sont les descendants de ces envahisseurs. On m’objectera la couleur de leur peau, qui a, d’après certains ethnographes, une teinte rougeâtre caractérisée. J’ai vécu au milieu des Japonais, des Chinois et des prétendus Peaux-Rouges, et je puis bien dire que jamais je n’ai vu la moindre différence entre la couleur de leur peau. J’avoue que les yeux bridés des Japonais les distinguent des Indiens  ; mais tant de nouveaux éléments d’existence et surtout de climat n’ont-ils pas pu après tant d’années

  1. Un savant anglais, Charles-G. Leland, a publié une étude sur ce sujet. Voir La Dépêche de Lille, 10 octobre 1911.