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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/124

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L'OMMEGANG

quelles un autre diable était assis ; l'archange saint Michel, couvert d'armes brillantes et tenant d'une main une épée et de l'autre la balance dans laquelle, selon de vieilles traditions, il pèse les âmes. Suivait un char portant la musique la plus extravagante qu'on pût voir : c'était un ours assis qui touchait un orgue, non composé de tuyaux, mais d'une vingtaine de chats, de différents âges, enfermés séparément dans des caisses où ils ne pouvaient se remuer ; leurs queues, qui sortaient des cages, étaient attachées au clavier par des cordes; l'ours, en appuyant sur les touches de l'instrument, faisait lever les cordes et tirait les queues des pauvres animaux, dont les cris, variés par l'âge, formaient une harmonie tellement bizarre qu'elle mit en défaut l'austère gravité de Philippe. Au son de cette musique d'une espèce nouvelle dansaient, sur un autre grand char, des enfants travestis en ours, en loups, en singes, en cerfs, etc. Plus loin, c'étaient Circé et les compagnons d'Ulysse métamorphosés en bêtes, des géants, le cheval Pégase, les quatre fils Aymon montés sur Bayard et chantant en flamand ; un char occupé par un arbre dont chaque rameau portait un enfant, représentant un des rois juifs ancêtres de la Vierge ; un énorme griffon, des chevaux, des chameaux et des autruches montés par des anges, un serpent vomissant du feu ; et