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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/175

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LÉGENDES BRUXELLOISES

eux abandonnés de leurs cheveux et ne sont généralement pas honteux de montrer à leurs concitoyens un crâne aussi dénudé qu’une abrupte falaise battue des flots.

Mais un prince ! Quelle autorité peut-il avoir encore sur ses sujets, au moins aussi chevelus que lui ! Et puis, il y a chauves et chauves. Les moins… malheureux conservent ordinairement une couronne duvetée qui peut avoir du cachet et jeter dans l’étonnement ceux qu’éblouit… le reste.

Or, il paraît que Philippe était chauve dans toute l’acception du terme, chauve à faire frémir. Son crâne, sous lequel tant de pensées avaient couvé, était nu et luisant comme une glace de Venise. Seules, quelques mèches lamentables couvraient encore son occiput.

Se montrer sous cet aspect à ses courtisans, il n’y fallait pas songer. Imaginez-vous Philippe le Bon, revêtu de son plus magnifique costume de cérémonie, le collier de la Toison d’or au cou, faisant son entrée tête nue, l’expression n’a ici rien d’exagéré, dans la grande salle de son palais, qu’emplit la foule des seigneurs, heureux du rétablissement du duc !

Quelle que fût la puissance de volonté possédée individuellement par ces nobles gentilshommes, il est évident qu’un involontaire sourire monterait à