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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/201

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LÉGENDES BRUXELLOISES

daient secrètement des colporteurs parcourant le pays. Or, non seulement la vente ou l’achat de ces écrits étaient défendus, mais encore la lecture enétait prohibée.

Donc, répondirent nos chaudronniers :

— Non pas. Nous sommes connus dans le pays pour construire et vendre des chaudrons. Rien de plus.

L’homme à l’habit noir continua :

— Ce ne serait que justice que vous vous en prissiez au gouverneur. Cet homme… mais ce n’est pas un homme !… ce monstre fait régner la terreur ici et il mériterait qu’on le brûlât en lieu et place de ces malheureux qu’il condamne à mort.

Ces propos et d’autres encore confirmèrent nos marchands de casseroles dans leur opinion que l’inconnu était un hérétique ; et, pour ne pas le contrarier puisqu’il les aidait à porter leur fardeau, ils abondèrent dans son sens. Mais à chaque mot qu’ils prononçaient en attaquant les mesures prises par le duc d’Albe, on eût pu voir une fugitive lueur de triomphe passer dans les yeux de l’inconnu…

Ils arrivèrent ensemble à Vilvorde.

Là, dirent nos chaudronniers :

— Ne nous quittez pas. Vous nous avez secourus. nous de vous en remercier, en offrant à boire. Acceptez !