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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/100

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LA DRYADE


IDYLLE DANS LE GOÛT DE THÉOCRITE



Πρῶτον μὲν εὐχῇ πρεσϐεύω θεῶν
Τὴν πρωτόμαντιν Γαῖαν…
Σέϐω δὲ Νύμφας…
Αἰσχύλος.


« Honorons d’abord la Terre, qui, la première entre les dieux, rendit ici les oracles…
« J’adore aussi les nymphes.
Eschyle.


 
Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?
Jadis il s’anima de paroles divines ;
Mais par les noirs hivers le chêne fut vaincu.
Et la dryade aussi, comme l’arbre, a vécu.
(Car, tu le sais, berger, ces déesses fragiles,
Envieuses des jeux et des danses agiles,
Sous l’écorce d’un bois où les fixa le sort,
Reçoivent avec lui la naissance et la mort.)