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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/101

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Celle dont la présence enflamma ces bocages
Répondait aux pasteurs du sein de verts feuillages,
Et, par des bruits secrets, mélodieux et sourds,
Donnait le prix du chant ou jugeait les amours.
Bathylle aux blonds cheveux, Ménalque aux noires tresses,
Un jour lui racontaient leurs rivales tendresses.
L’un parait son front blanc de myrte et de lotus ;
L’autre, ses cheveux bruns de pampres revêtus,
Offrait à la dryade une coupe d’argile ;
Et les roseaux chantants enchaînés par Bathylle,
Ainsi que le dieu Pan l’enseignait aux mortels,
S’agitaient, suspendus aux verdoyants autels.
J’entendis leur prière, et de leur simple histoire
Les Muses et le temps m’ont laissé la mémoire.

MÉNALQUE.

Ô déesse propice ! écoute, écoute-moi !
Les faunes, les sylvains dansent autour de toi,
Quand Bacchus a reçu leur brillant sacrifice ;
Ombrage mes amours, ô déesse propice !

BATHYLLE.

Dryade du vieux chêne, écoute mes aveux !
Les vierges, le matin, dénouant leurs cheveux,
Quand du brûlant amour la saison est prochaine,
T’adorent ; je t’adore, ô dryade du chêne !