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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/134

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Non !… toujours des cachots… Je suis né votre proie…
Mais je vois mon tombeau, je m’y couche avec joie.
Car vous ne m’aurez plus, et je n’entendrai plus
Les verrous se fermer sur l’éternel reclus.
Que me veut donc cet homme avec ses habits sombres ?
Captifs morts dans ces murs, est-ce une de vos ombres ?
Il pleure. Ah ! malheureux, est-ce ta liberté ?

LE PRÊTRE.

Non, mon fils, c’est sur vous : voici l’éternité.

LE MOURANT.

A moi ? Je n’en veux pas ; j’y trouverais des chaînes.

LE PRÊTRE.

Non, vous n’y trouverez que des faveurs prochaines.
Un mot de repentir, un mot de notre foi,
Le Seigneur vous pardonne.

LE MOURANT.

                                    Ô prêtre ! laissez-moi !

LE PRÊTRE.

Dites : « Je crois en Dieu. » La mort vous est ravie.

LE MOURANT.

Laissez en paix ma mort, on y laissa ma vie.