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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/75

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Qu’un seul jour désormais comprendrait leur histoire,
Car la postérité mourait avec leur gloire.

L’arche de Dieu passa comme un palais errant.
Le voyant assiégé par les flots du courant,
Le dernier des enfants de la famille élue
Lui tendit en secret sa main irrésolue,
Mais d’un dernier effort : « Va-t’en, lui cria-t-il,
De ton lâche salut je refuse l’exil ;
Va, sur quelques rochers qu’aura dédaignés l’onde,
Construire tes cités sur le tombeau du monde ;
Mon peuple mort est là, sous la mer je suis roi.
Moins coupables que ceux qui descendront de toi,
Pour étonner tes fils sous ces plaines humides,
Mes géants glorieux laissent les pyramides ;
Et sur le haut des monts leurs vastes ossements,
De ces rivaux du ciel terribles monuments,
Trouvés dans les débris de la terre inondée,
Viendront humilier ta race dégradée. »
Il disait, s’essayant par le geste et la voix
A l’air impérieux des hommes qui sont rois,