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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/77

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III



Rien ne se voyait plus, pas même des débris ;
L’univers écrasé ne jetait plus ses cris.
Quand la mer eut des monts chassé tous les nuages,
On vit se disperser l’épaisseur des orages ;
Et les rayons du jour, dévoilant leur trésor,
Lançaient jusqu’à la mer des jets d’opale et d’or ;
La vague était paisible, et molle et cadencée,
En berceaux de cristal mollement balancée ;
Les vents, sans résistance, étaient silencieux ;
La foudre, sans échos, expirait dans les cieux ;
Les cieux devenaient purs, et, réfléchis dans l’onde,
Teignaient d’un azur clair l’immensité profonde.

Tout s’était englouti sous les flots triomphants,
Déplorable spectacle ! Excepté deux enfants.