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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/227

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et noires au bout de chaque corridor, et à toutes les portes des loges de petites ouvertures carrées et grillées, que l’on nomme guichets, et que les geôliers ouvrent en dehors pour surprendre et surveiller le prisonnier à toute heure.

Je traversai, en entrant, la grande cour vide où l’on rangeait d’ordinaire les terribles chariots destinés à emporter des charges de victimes. Je grimpai sur le perron à demi détruit par lequel elles descendaient pour monter dans leur dernière voiture. Je passai un lieu abominable, humide et sinistre, usé par le frottement des pieds, brisé et marqué sur les murs, comme s’il s’y passait chaque jour quelque combat. Une sorte d’auge pleine d’eau, d’une mauvaise odeur, en était le seul meuble. Je ne sais ce qu’on y faisait, mais ce lieu se nommait et se nomme encore Le Casse-Gueule.

J’arrivai au préau, large et laide cour enchâssée dans de hautes murailles ; le soleil y jette quelquefois un rayon triste, du haut d’un toit. Une énorme fontaine de pierre est au milieu, quatre rangées d’arbres autour. Au fond,