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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/24

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plus à ma disposition, il ne me reste rien qui me garantisse des mouvements violents de mon cœur ; je le sens affligé, blessé, et tout prêt, par désespoir, à se dévouer pour une opinion politique et à me dicter des écrits dans l’intérêt d’une sublime forme de gouvernement que je vous détaillerai…

— Dieu du ciel et de la terre ! s’écria le Docteur Noir en se levant tout à coup, voyez jusqu’à quel degré d’extravagance les Diables bleus et le désespoir peuvent entraîner un Poète ! »

Puis il se rassit ; il remit sa canne entre ses jambes avec une fort grande gravité, et s’en servit pour suivre les lignes du parquet, comme s’il eût géométriquement mesuré ses carrés et ses losanges. Il n’y pensait pas le moins du monde, mais il attendait que Stello prît la parole. Après cinq minutes d’attente, il s’aperçut que son malade était tombé dans une distraction complète, et il l’en tira en lui disant ceci :

« Je veux vous conter… »

Stello sauta vivement sur son canapé.