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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/306

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prochain. Il en essayait les accords sur moi dans la conversation, à la façon de bien des discoureurs de ma connaissance.

Il sourit avec satisfaction et but sa tasse. Il la replaça sur son bureau avec un air d’orateur à la tribune ; et comme je n’avais pas répondu à son idée, il y revint par un autre chemin, parce qu’il lui fallait absolument réponse et flatterie.

« Je sais que vous êtes de mon avis, citoyen, quoique vous ayez bien des choses des hommes d’autrefois. Mais vous êtes pur, c’est beaucoup. Je suis bien sûr du moins que vous n’aimeriez pas plus que moi le Despotisme militaire ; et si l’on ne m’écoute pas, vous le verrez arriver : il prendra les rênes de la Révolution si je les laisse flotter, et renversera la représentation avilie.

— Ceci me paraît très juste, citoyen », répondis-je. En effet, ce n’était pas si mal, et c’était prophétique.

Il fit encore son sourire de chat.

« Vous aimeriez encore mieux mon Despotisme à moi, j’en suis sûr, hein ? »