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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/398

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— Mes histoires, dit rudement le conteur satirique, sont, comme toutes les paroles des hommes, à moitié vraies.

— Oui, cela dut se passer ainsi, poursuivit Stello, oui, je l’atteste par tout ce que j’ai souffert en écoutant. Comme l’on sent la ressemblance du portrait d’un inconnu ou d’un mort, je sens la ressemblance des vôtres. Oui, leurs passions et leurs intérêts les firent parler de la sorte. Donc, des trois formes de Pouvoir possibles, la première nous craint, la seconde nous dédaigne comme inutiles, la troisième nous hait et nous nivelle comme supériorités aristocratiques. Sommes-nous donc les ilotes éternels des sociétés ?

— Ilotes ou Dieux, dit le Docteur, la Multitude, tout en vous portant dans ses bras, vous regarde de travers comme tous ses enfants, et de temps en temps vous jette à terre et vous foule aux pieds. C’est une mauvaise mère.

« Gloire éternelle à l’homme d’Athènes… — Oh ! pourquoi ne sait-on pas son nom ? Pourquoi le sublime anonyme qui créa la Vénus de Milo