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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/102

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

et simples, une parole délicate et passionnée, un coup de pinceau qui ne s’oublie pas[1] : « La jeune fille triomphait, tenant à la main une branche de myrte et une fleur de rosier ; et ses cheveux épars lui couvraient le visage et le col ; » ou bien encore, avec moins de simplicité, cette autre peinture qui rappelle celle de Sapho :

« Semblable passion d’amour, pénétrant au cœur, répandit un nuage épais sur les yeux et déroba l’âme attendrie. » Horace, dans sa vive étude des Grecs, avait sans doute gardé bien d’autres souvenirs d’Archiloque ; et quelques-unes de ses odes, son dithyrambe à Bacchus et d’autres, ne doivent être qu’une étude d’art et de goût substituée au tumulte des anciennes orgies, où le poëte de Paros se mêlait, en chantant : « Le cerveau foudroyé par le vin, je sais combien il est beau d’entonner le dithyrambe, mélodie du roi Bacchus. »

Archiloque, s’il faisait des hymnes, devait être, ce semble, le poëte lyrique des Furies et non des Dieux.

On vanta cependant, nous l’avons dit, son hymne à l’honneur d’Hercule. Il en avait fait la musique comme les paroles, et le chanta lui-même aux fêtes olympiques, où il obtint la palme vers la quinzième olympiade, près de deux siècles avant Pindare, au temps duquel ce poëme se redisait encore à l’ouverture des jeux.

Né sous une date certaine, attestée par les marbres

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk, p. 473.