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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/103

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time[1], a gardé néanmoins la succession apostolique et la validité des sacrements, il serait d’autre part déplorable que le peuple russe tout entier se contentât de cette Église officielle telle quelle : cela prouverait à coup sûr qu’il n’a aucun avenir religieux à espérer. La protestation véhémente et tenace de ces millions de paysans nous fait prévoir la régénération de notre vie ecclésiastique. Mais le caractère essentiellement négatif de ce mouvement religieux est une preuve suffisante que le peuple russe, aussi bien que toute autre puissance humaine abandonnée à ses propres moyens, est incapable de réaliser son idéal suprême. Toutes ces aspirations et toutes ces tentatives vers une Église véritable ne dénotent qu’une capacité religieuse passive qui, pour se réaliser effectivement dans une forme organique déterminée, attend un acte de régénération morale venant de plus haut que l’élément purement national et populaire.

Si l’Église officielle gouvernée par un employé civil n’est qu’une institution d’État, une branche secondaire de l’administration bureaucratique, — l’Église rêvée par nos dissidents ne serait tout au plus qu’une Église nationale et démocratique. C’est

  1. La nomination de tous nos évêques se fait d’une manière absolument prohibée et condamnée par le troisième canon du septième concile œcuménique, — canon qui, au point de vue de notre Église elle-même n’a jamais pu être abrogé (faute de conciles œcuméniques ultérieurs). Nous aurons encore à revenir sur ce sujet.